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ثقافة L’artiste belge Lisbeth BENOUT écrit de Bruxelles : Je reviendrai à Semmama

نشر في  17 جوان 2017  (14:30)

Merci, merci, merci à Semmama, aux artistes, aux organisateurs, aux donateurs, à la Garde Nationale, aux policiers, aux bergers, aux familles, aux enfants si fières de leur terre et qui m'ont donné leçon d'humilité, de courage, de détermination dans ce fief miné de bombes par ce cancer-métastasé: le terrorisme.

Adnen Helali que j'ai connu par l'intermédiaire d'une petite vidéo sur FB. Où il parlait des kms que les enfants du Châambi devaient parcourir chaque jour pour aller à l'école. Cette découverte me fît un déclic.

Je ne connaissais pas le Châambi. Et puis voila, je m'y suis trouvé pour la 6ième fête des bergers 2017, le défit du ''djebel Semmama'', un centre culturel des bergers.

Sensible de cette terre qu'est la Tunisie, partagée entre Bruxelles et Tunis, mon cœur ici et là bas, là bas et ici, jamais un choix mais deux identités, un vase communiquant avec ''les autres'' là bas et ici, ici et là bas!

Le Châambi, djebel Semmama au cœur de la violence: un combat de tous les jours.

Adnen Helali depuis plus de 10 ans donne des cours de théâtre à ses petits Troubadours. Il lutte contre l'obscurantisme. Ce n'est pas les armes comme riposte dit Adnen Helali mais bien les armes du savoir et du cœur contre le fléau de l'obscurantisme.

 Quand je suis parti de Tunis 4h avant, la route était splendide, oliviers et grands cactus jalonnaient tout le long de la route dans une lumière bien propre à la Tunisie.

Arrivée à Semmama, les blindés de la Garde Nationale et les voitures des policiers nous attendaient. Dire que je n'avais pas peur, je me mentirais mais dire que l'on nous protégeait est plus exacte: 'no problem pour les passeports rouges'.

Oui à ce moment là, la réalité: le vrai, le pas cinéma, le pas FB, le pas virtuel. Le vrai à 250km de Tunis. Mais quand le grand convoi a démarré, gyrophares dans la terre ensablé et rocailleuse avec les chansons des artistes dans le bus. C'était parti.

Djebel Semmama envahi par cette jeunesse vivante, belle, demandeuse de tout puisqu'il n'y a rien mais l'essentiel était là: une humanité communicative.

J'étais envahie par cette vague d'humanité, artistes d'Algérie, d'Uruguay, d'Argentine, d'Espagne, d'Italie, de Palestine et de Tunisie.

Je regardais les montagnes; belles, belles, celles que les bergers ne pouvaient plus vivre sans sauter sur ces bombes maudites de la haine! Quand la voix de Zohra Lajnef a commencé à vibrer dans le djebel Semmama, elle perçait tout le Châambi mêlé à celles des Algériens, Argentins, Italiens, Palestiniens, Espagnoles...Pendant que les danseurs de flamenco et de tango dansaient sur la paille et un morceau de planche.

Une symbiose qu'on ne peut expliquer, la peur, oublié!

Non, je ne comprenais pas les mots des chants, je les sentais.

Il vaut mieux parfois sentir l'humanité avant de la comprendre.

Merci à toi Adnen Helali de tout ce travail de titan, de ton amour de la terre, merci de sortir cette jeunesse vers du meilleur. De rêver avec eux de rêves possibles!

La musique s'est arrêté un instant pour annoncer que de jeunes tunisiens ont trouvé un système de déminage. La vie continue...

Je reviendrai à Semmama.

Lisbeth BENOUT